[Entretien avec Jean-Charles Lignel, ancien propriétaire...

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTP2237 06
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Mondanités lyonnaises le 20 octobre 1991 aux Brotteaux. Me Anaf dispersera une partie de la collection de tableaux anciens de Jean-Charles Lignel.
historique "C'est toute ma collection de maîtres anciens qui passe en vente". Il y a huit jours, l'affirmation de Jean-Charles Lignel était presque vraie. Depuis peu, elle l'est beaucoup moins. Lui qui disait préférer se séparer d'un ensemble complet au lieu d'amputer chaque période collectionnée de quelques tableaux. vient de retirer onze de ses toiles, et non des moindres. De même, cette vente annoncée sans prix de réserve promet des jeux subtils. A priori laissés à la discrétion de la salle, les prix devront au minimum frôler les estimations pour que le commissaire-priseur, Jean-Claude Anaf, les laisse réellement partir. Rien n'est simple et ce qui reste la plus belle des ventes anciennes de la saison nécessite un regard pour le moins averti. Celui qu'ont porté les cinq experts qui se sont penchés sur ces oeuvres a été plus que rigoureux. A Paris, au cabinet d'experts Herdhebaut-Latreille, on n'abuse pas des superlatifs et on mesure les adjectifs : "C'est une belle vente, cela ne fait pas de doute, les provenances sont bonnes, la marchandise n'a pas été transbahutée de salle en salle, mais cohabitent deux catégories d'oeuvres. Il y a des choses superbes comme le Brueghel/Teniers ou encore la guirlande de Seghers, nous sommes là dans un domaine de qualité, registre grand collectionneur. Et puis il y a une catégorie de bon amateur, Monsieur Lignel est un homme passionné qui s'est piqué au jeu, a privilégié des provenances originales, la collection Callas notamment qui peut séduire une certaine clientèle". Le verdict sied à Jean-Charles Lignel : "Une collection, c'est une personne, une sensibilité qui se découvrent. Oui, il y a des choses moins bonnes ou de moindre valeur et que pourtant j'adore. Je crois qu'à travers ces tableaux, on voit que je suis mi-romantique, mi-janséniste, joueur et rigoureux et puis, aussi, il y a des choses que je n'aime plus, sur 4000 acquisitions, on peut se tromper". Et comment ne pas se tromper, 4000 oeuvres en trente-deux ans de collection, cela signifie environ dix achats par mois... parfois plus et sans doute beaucoup moins dans les premières années puisque, lorsque l'aventure commence, Jean-Charles Lignel a 17 ans. Et il sait déjà beaucoup de choses, grâce à Jeanne Delaroche, sa grand-mère, grâce à son grand-père aussi. "Ses façons étaient exemplaires et le fait est que j'ai commencé à collectionner ce qui avait été l'objet de ses dernières acquisitions, c'est-à-dire Steinlen. Puis, chaque fois que j'ai eu un peu ou beaucoup d'argent, je l'ai dépensé en tableaux". Mais, chaque fois, il lui faut une sorte d'alibi. Ainsi, pour ce qui est de la peinture, sa collection débute sur des artistes socialement engagés dans leur époque. De même, lorsqu'il devient bibliophile, c'est Le manifeste de Karl Marx qui ouvre la liste des livres rares... et puis, le temps passe, les attirances se font autres, les impressionnistes débarquent sur ses murs et enfin, en 1979, les maîtres anciens commencent à s'installer dans la grande maison du boulevard des Belges. C'est l'époque où Jean-Charles Lignel préside aux destinées du "Progrès", l'heure de la notabilité et de la lyonnitude. Chez ce collecteur magnifique, à chaque période professionnelle correspond un type d'achats ou bien une attitude face à l'art. Lors de sa première rupture de "Progrès", en 1974, il avait ouvert galerie à Paris. Lors de la seconde, en 1986, il fait de même à New York et la revend deux ans plus tard lorsque les affaires reprennent leurs cours. Mais n'en cesse pas pour autant d'acheter pour son compte. Et cesse d'autant moins que ses diverses activités immobilières, ses participations financières en France et aux USA qui touchent l'immobilier, l'équipement automobile, le textile, l'édition, les composants électroniques et autres cliniques pour chiens et chats, semblent lui en procurer l'opportunité : "J'aimerais beaucoup dire que je ne fais rien, mais ce n'est pas le cas". D'où les 4000 oeuvres, discrètes ou monumentales, accumulées. Et 4000 paraît-il, c'est trop : "Elles sont ici, à Lyon, dans le Beaujolais ou à Cannes, j'aime vivre avec elles, mais je n'en vois qu'une petite partie et ce n'est pas normal. Voilà l'une des raisons de cette veille, posséder n'est pas une fin en soi, la possession m'indiffère totalement". Mais l'acquisition de choses nouvelles le passionne absolument, via ce qu'il nomme un "recentrage" de ses collections [...] Source : "Visite guidée du musée Jean-Charles Lignel" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 19 octobre 1991, p.60-61.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP04486A.
note bibliographique "Vente Lignel : une collection de retour" / Propos recueillis par Isabelle Brione in Le Progrès de Lyon, 18 octobre 1991. - "Les étranges intéressés par la collection Lignel" / G.A. in Le Progrès de Lyon, 19 octobre 1991. - Dessins et tableaux anciens. [Vente: Collection Jean-Charles Lignel ; Collection de divers amateurs] dimanche 20 octobre 1991, Lyon-Brotteaux Hôtel des ventes, experts Messieurs Herdhebaut et Latreille, Mr Baille et Mme Beauvois, Mr Cano. [BM Lyon, B 035800].

Retour